Transition durable : le secteur bancaire se positionne comme moteur de l’adaptation

Transition durable : le secteur bancaire se positionne comme moteur de l’adaptation

Auteur: M. Daniel Essoo, CEO de la Mauritius Bankers Association 

Changement climatique

Avez-vous entendu parler du changement climatique ? Depuis plusieurs années, les initiatives citoyennes (Greta Thunberg) et internationales (divers pactes des Nations Unies, Conférences COP, évaluations du GIEC) ont généré une véritable prise de conscience sur les enjeux du changement climatique. Ses effets sont une réalité bien présente : inondations soudaines, cyclones plus nombreux et plus intenses, érosion côtière, blanchissement des coraux. Ces phénomènes nous affectent tous, et nous interpellent.

Aujourd’hui, peu de gens et d’entreprises peuvent prétendre ignorer ce qu’est le changement climatique, et leur part de responsabilité. Les objectifs sont, eux aussi, connus : d’une part, de réduire les émissions des gaz à effet de serre pour rester sous la barre des 2˚C, et d’autre part, s’adapter au climat d’aujourd’hui.

Si l’on comprend le problème et les objectifs, l’enjeu principal réside dans l’action – que doit faire chacun de nous, au niveau individuel, pour atteindre ces objectifs collectifs ? La réponse est complexe, mais se résume, essentiellement, à adopter un modèle de développement durable. Les Nations Unies, ont, en œuvrant avec diverses organisations, articulé 17 objectifs à être atteints d’ici 2030 notamment.

Le secteur bancaire

Touchant à tous les secteurs de l’économie, le secteur bancaire est distinct, par défaut : la plupart des individus, et toutes les entreprises, opèrent au moins un compte bancaire, et plusieurs contractent des emprunts. Le secteur est donc intégré à l’activité économique des autres, à travers sa propre activité. De cette relation, découlent plusieurs responsabilités.

  • D’abord, en tant qu’entreprises, les banques se doivent de réduire leur propre empreinte carbone directe, en revoyant leur façon d’opérer, notamment en réduisant leur consommation énergétique et en favorisant des pratiques durables en interne.
  • Ensuite, les banques se doivent de revoir leurs chaînes d’approvisionnement, et considérer leur empreinte indirecte.
  • Enfin, de favoriser chez leur client des pratiques saines et durables.

Actions prioritaires

Concrètement, cependant, que font nos banques pour se mettre au vert ? Guidées par les directives de la Banque de Maurice, et par leurs propres initiatives en interne, les banques opérant à Maurice ont adopté une feuille de route ESG (Environmental, Social & Corporate Governance). Si ce chantier est vaste, 3 champs d’actions prioritaires ont été identifiés. Elles sont, notamment :

  1. Intégrer le risque climatique dans la pratique bancaire. Il s’agit d’une tâche compliquée, à cause du manque de données et aussi parce qu’une bonne partie de l’activité bancaire est internationale.
  2. Reporting : mesurer des émissions directes et indirectes des banques, et aussi de celles de leurs clients. Le reporting ne se limite pas à la question climatique, mais concerne l’intégration des Objectifs de développement durable dans les opérations de la banque et le reporting y relatif.
  3. Financer le développement durable. Les banques doivent adopter des politiques de financement durable, développer des compétences techniques en interne pour accompagner leurs clients dans leur choix d’investissement, et trouver des méthodes de financement qui incitent aux bonnes pratiques.

Les défis de demain

Actuellement, de nombreux programmes existent pour favoriser la transition énergétique. Le programme SUNREF a eu un grand succès au cours des dernières années, et l’investissement dans les véhicules électriques et le photovoltaïque représente un pôle d’activité prometteur. Les banques sont engagées dans des projets privés, ou encore le Carbon Neutral Industrial Sector (CNIS) Renewable Energy Scheme, et soutiennent les projets de l’Etat. Cependant, Maurice n’est responsable que de 0,01% des émissions de gaz à effet de serre, mais fait face à des défis majeurs par rapport à l’adaptation au changement climatique. Les récents événements nous ont démontré l’urgence de travailler non seulement sur le changement climatique, mais sur l’adaptation au changement climatique.

La grande question à l’ordre du jour est – Comment est-ce que nos banques peuvent-elles participer à notre stratégie nationale d’adaptation ?

En attendant la réalisation de ce projet, nous continuons d’œuvrer avec toutes les parties prenantes comme l’Etat, les agences de développement et des experts pour définir des programmes et accompagner opérateurs économiques dans leur transition, et leur adaptation.

*Article d’opinion paru dans le Business Yearbook 2024