Le monde d’après

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Daniel Essoo

Le monde d’après

La pandémie du Covid-19 a bouleversé le monde a bien des égards. L’aspect humain, les décès, l’impact sur la santé mentale des confinement successifs ne peuvent être sous-estimés.

Cependant, ce choc aura également provoqué ou accéléré des changements qui pourraient être considérés comme étant positifs. Ci-dessous, nous passerons rapidement sur quelques un de ces phénomènes par rapport au secteur bancaire.

1.La digitalisation

Les confinements soudains en 2020 et en 2021 ont créé un problème commercial – celui de l’accès aux biens et aux services. Les gens ne pouvaient plus se déplacer, les commerces étaient fermés.

Un des rares bénéfices de cette situation a été une rapide accélération dans l’adoption des canaux de paiement digitaux : cartes bancaires, Internet Banking, applications mobiles, plateformes de commerce en ligne (e-commerce). Les inscriptions à ces diverses plateformes ont augmenté de façon significative, tant de la part des clients que des commerces.

Les restrictions sur les vols et les services postaux ont également engendré des retards dans la circulation de documents. Encore une fois, cette situation a favorisé l’adoption accélérée de modes de transactions paperless – à travers des copies digitales et des signatures électroniques. Cette a adoption a, notamment, permis le dédouanement de marchandises dans le port, et les transactions transfrontalières. Le droit mauricien permettait déjà de telles pratiques, mais le Covid-19 est venu accélérer l’adoption de ces nouvelles façons de faire.

Il reste, bien évidemment, beaucoup de chemin a parcourir. Aujourd’hui encore, il est impossible de payer par carte bancaire pour certains services publics (autobus, poste et autres) ; l’utilisation du liquide reste pratique courante. Il est essentiel que cette transition s’accélère, et que de nouvelles technologies (wallet digitaux, cartes virtuelles) soient adoptées. L’ouverture de comptes bancaires digitaux favoriserait une plus grade facilité dans les affaires.

Un outil clé – la création d’un environnement digital pour les documents dits de ‘KYC’ reste une priorité. Bientôt, il ne sera plus nécessaire pour le client de porter des documents a sa banque – sa carte d’identité permettre immédiatement l’accès à toutes ses données.

2. La gestion du risque

Le Covid-19 a aussi confronté les entreprises à des risques auxquels elles n’étaient pas forcément préparées. Tout le monde a entendu parler de la pandémie de la fièvre espagnole d’il y a un siècle, mais beaucoup pensaient que de tels phénomènes relevaient du passé.

La pandémie a remis énormément de choses en question : l’accès au bureau, l’accès aux marchandises, les flux de documents ; devoir gérer des interactions avec des gens potentiellement vecteurs d’un virus, et assurer la continuité des entreprises.

Les lignes traditionnelles d’importations ont été remises en question, de nouvelles diversifications se sont manifestées ; des industries qu’on croyait en déclin ont apporté des revenus essentiels.

Sur une note plus élémentaire, la sécurité alimentaire est revenue sur le tapis, et la production agricole s’est retrouvée valorisée.

Cette pandémie est ainsi venue apporter un nouvel éclairage sur les risques que toute entreprise court, et a provoqué une remise en question des anciennes façons de faire. La gestion du risque est aujourd’hui au cœur des opérations de toute notre économie. Ceci constitue un changement positif dans la façon de gérer les entreprises.

Si les banques ont longtemps eu des cadres sophistiqués par rapport à la gestion du risque, l’onde de choc du Covid a davantage responsabilisé les opérateurs par rapport à l’efficacité de cette gestion.

 3. L’emploi

 Le monde du travail s’est retrouvé bouleversé par le Covid. Les semaines prolongées de confinement ont, certes, comporté leur lot de difficultés majeures. Mais encore une fois, plusieurs points positifs en sont sortis.

 En premier lieu, le télétravail est venu recentrer l’entreprises sur les fondamentaux de la performance. Au lieu des vieilles habitudes, on a été obligé de s’adapter aux nouvelles réalités. Les rôles nécessitant une présence physique ont justifié l’octroi de Work Access Permits; cependant, les entreprises ont aussi compris que pour d’autres rôles, la flexibilité par rapport au lieu de travail et aux horaires peut être bénéfique. Beaucoup d’employés ont trouvé des avantages à éviter de longs trajets vers le bureau.

La pandémie est aussi venue assainir certaines attitudes, notamment la séparation artificielle entre la vie de famille et la vie professionnelle. Aujourd’hui, il est devenu normal de concilier travail et obligations domestiques, d’en parler, et de trouver un équilibre sain.

Les employeurs ont eu à adapter leurs politiques de management et leurs façons de gérer les équipes. Mais le télétravail est de plus en plus recherché par les nouvelles générations, et annonce la donne pour les années à venir. L’outil technologique permet aujourd’hui aux employés d’être des nomades digitaux, de travailler de n’importe où.

Enfin, les compétences s’en retrouvent changées – aujourd’hui, il est nécessaire de démontrer une plus grande responsabilité dans la gestion de son lot de travail, une facilité avec les outils informatiques, une plus grande autonomie professionnelle. La prévalence d’outils informatiques et de produits digitaux nécessitera beaucoup plus de ressources informatiques – des programmeurs, des professionnels familiers avec le coding. La pratique des ressources humaines a changé de manière fondamentale.

4.L’économie

Enfin, l’économie mondiale se retrouve changée. Le Covid a réduit le tourisme traditionnel, a changé les habitudes de consommation, et accéléré la production pharmaceutique, par exemple. Les vieux fondamentaux sont remis en question, et les lignes d’approvisionnement traditionnelles sont sujettes à la diversification. En temps difficiles, nos échanges régionaux gagnent en importance.

La digitalisation ne se manifeste pas qu’à Maurice – les contraintes de la pandémie à l’international ont également favorisé l’adoption, à l’étranger, de plateformes digitales et de nouveaux canaux digitaux. Il existe des banques 100% digitales qui ont vu une croissance fulgurante dans le nombre d’utilisateurs. Le développement dans la blockchain, l’intelligence artificielle et l’adoption croissante de ‘tokens’ virtuels se manifeste de plus en plus. Les plateformes de paiements digitaux s’associent aujourd’hui à des prestataires de service (agence de voyage, achats en ligne) pour une offre intégrée.

La pandémie du Covid a, ainsi, apporté son lot de soucis financiers et humains. Cependant, on constate aujourd’hui des signes d’un graduel retour `a une nouvelle normalité. Pour le secteur bancaire, cette nouvelle normalité est ancrée dans une économie transformée, avec des opérateurs plus avertis dans la gestion du risque, à travers une digitalisation accélérée de l’écosystème entier et un monde de l’emploi résolument modernisé.